Restauration
* d'un fifre (ou piccolo ?) Isidore Lot (~1880)
*d'une flûte Gautrot Ainé (~1884)
* d'une flûte à bec Paul Beuscher (~1920)
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Fifre Isidore Lot
pour l'historique de cette acquisition et l'histoire d'évènements merveilleux autour de cette flûte voir ici
Un tin-whistle Genertation nous permet d'apprécier la taille du fifre
Ci-dessus la marque du facteur Isidor Lot (né en 1832 décédé en ?). Il installe son atelier à La Couture-Boussey (Eure) de 1860 à 1886. A beaucoup travaillé avec son oncle Louis Lot. Son entreprise sera rachetée par Thibouville-Coudevillain en 1886 (une autre référence, trouvée dans Gallica, semble infirmer cette transmission puisque un catalogue de la manufacture A Lecomte et Cie, 12 rue Saint-Gilles à Paris, se dit "successeur de I. Lot"
La restauration me confirmera ou non la tonalité que je pressents : en Ut
Ci-dessous, un gros travail de restauration à prévoir comme nous le montre ces images.
I) LE BILAN
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(1) et (2) le bouchon en liège ; (3) la mortaise ; (4) le tenon ; (5) une bague cassée et décollée ; (6) à (11) les fentes multiples (12) l'état des tampons.
II) LE DEMONTAGE DES CLES
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(13) Toute la flûte est démontée de ses clés. Les assises de ressort, les têtes de pivot, les pivots et les lames de ressorts sont nettoyés de leur rouille et seront huilés très légèrement (pour ne pas encrasser et bloquer les mécanismes) au moment de leur repose. (14) et (15) Si une clé ne peut-être ôtée, veiller à gratter l'assise et l'extrémité du ressort pour faciliter le glissement de la lame dans son logement. Pour dégager l'assise faire pivoter la lame sur le côté. (16) Nettoyer les clés en les frottant de laine d'acier.
III) LE COMBLEMENT DES FENTES
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Poser un mouchoir humide dans le corps de la flûte en le laissant en place toute une nuit. Le bois en gonflant va écarter les lèvres de la fente puis, en séchant, se rétractera pour renforcer le travail de comblement que vous aurez mené (cf plus après).
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Poser un peu de colle cyanolate le long de la fente puis poncer la zone avec de la laine d'acier. La poussière dcréée par le frottement se mélangera à la colle et comblera la fente. Renouveler l'opération autant de fois que nécessaire. Les fentes plus importantes peuvent être traitées en raclant un peu du même bois depuis une pièce disjointe (ici du palissandre).
(19 et 20) Le résultat à comparer avec les photos 10 et 11
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IV) LA REFECTION DU BOUCHON DE TETE
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(21) Si possible relever les cotes du bouchon à changer puis ôter les reste de l'ancien bouchon en faisant attention à ne pas détruire les spires de la visse au moment de les nettoyer du liège. En effet la visse de maintien de bouchon est réalisée en bois dur donc fragile sous la lame du cutter. Pour mon bouchon je relève qu'il a du mesurer 13 mm de long alors qu'une bonne mesure, en application des règles de positionnement en usage dans une flûte irlandaise, aurait été de 10 mm. Peut-être ce bouchon a-t-il fait l'objet d'une restauration sans connaissance des règles de l'art par son précédent propriétaire ? Quoiqu'il en soit s'il s'avère à l'usage que le bouchon doit être positionné avec plus de retrait il me sera toujours possible de le réduire. (22) Prendre un bouchon de liège, homogène et de préférence non usagé (!), plus large et long que le bouchon de remplacement. L'enficher dans la visse. Couper le bouchon à sa longueur puis, ayant posé la face plane du bouchon sur un support strable, couper avec un cutter son diamètre de bas en haut, perpendiculairement et sans dévier, en dépassant d'1 mm la périphérie du poussoir. Le faire en s'approchant du cercle par coupes successives. Poncer les bords et surtout la base au papier de verre de grain moyen sans trop insister.
V) LA REFECTION DU BOUCHON DU TENON
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(23) En ôtant le liège usagé je remarque sous la couche usagée des traits de scie tels ceux qui se voit sur le tenon d'une flûte à bec destiné à recevoir un enroulement de fil. Ce constat me conduit à décider le remplacement du liège par du fil. Une solution simple, évolutive et fiable puisque éprouvée depuis longtemps sur les tenons des flûtes à bec. (24) Le tenon est recouvert d'un enroulement de fil en coton (ou en soie) acheté dans une mercerie.
VI) LA REFECTION DES TAMPONS
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(25) Après quelques hésitations je me décide là aussi à ne pas suivre la voie originale. C'est en songeant aux tampons en cuir soupples des clés de mes régulateurs de uilleann-pipes que je me décide à utiliser cette matière en remplacement de la baudruche d'origine. Munissez-vous de chutes de cuir mince, d'un cutter à la lame neuve, de ciseaux bien coupant et d'un tube de colle néoprène. (26)
On commence par ôter les vieux tampons en grattant bien le fonds des coupelles des clés. (27) Découper, à défaut d'un emporte pièce pas toujours aisé à trouver, à l'aide du cutter et du ciseau, des petits cercles au diamètre de chaque coupelle (moins 1 mm). Contre-coller une pastille en carton sur la face "chair" de la pastille afin de borner le tampon de deux peaux (en cuir et en carton). Le tampon devra déborder d'1 à 2 mm de sa coupelle. (28) Déposer une goûte de colle néoprène sur le fond de la coupelle et sur le bout de cuir. Attendre la prise puis assembler le tampon sur la clé. Ne pas presser les deux pièces. Remettre la clé dans son logement en la fixant avec son pivot légèrement huilé d'une huile fine (du genre de celle utilisée en modélisme ou pour entretenir votre tondeuse à cheveux). Presser modéremment le tampon sur le trou de note afin qu'il prenne sans forcer l'empreinte de son logement.
VII) LA REFECTION DES BAGUES
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(29) et (30) Coller les bagues d'une colle soupple du genre colle néoprène.
Votre travail de restauration est terminé. Avant de jouer d evotre flûte n'oubliez-pas de lire mes conseils d'entretien et de rodage.
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Renaissance et transformation d'une flûte traversière en bois
Flûte vraisemblablement fabriquée avant 1884 par Gautrot Ainé à Paris.
I) LE BILAN
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(1) à (3) Toutes les clés sont à nettoyer et retamponner, les mécanismes à nettoyer et huiler. L'idée ici est de remettre en état la flûte existante en supprimant toutes les fuites d'air. Pour la suite mon objectif est de transformer ce très bel instrument, sans le détruire ou l'abimer, en low-whistle. Je vais remplacer la tête d'origine par une autre de ma création tout en laissant la possibilité de réutiliser la tête d'origine. Une renaissance et une transformation...
II) LA REFECTION DU CORPS
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Les fentes sont comblées en usant de la même technique que pour le fifre. (4) = avant, (5) = après. Le bois et les supports des clés sont nettoyés à la laine d'acier. (6) = avant, (7) = après.
III) LA REFECTION DES CLES
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Les clés et les ressorts sont nettoyés eux-aussi à la laine d'acier. Les pivots légèrement huilés. (8) = avant, (9) = après.
IV) LA REFECTION des TAMPONS
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(10) à (12) J'utilise la même solution que pour le fifre. Remplacer les tempons en bodruche par des tampons en cuir. Les coupelles des clés sont nettoyées de toute trace de vieille colle avant de recevoir leur rondelle en cuir contrecollée sur une feuille de papier fort. Attention à bien faire saillir de sa coupelle le nouveau tampon.
V) L'ADAPTATION D'UNE TETE DE LOW-WHISTLE
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Une nouveauté : réaliser une tête spéciale qui transformera - à l'occasion - la timber flute en low-whistle. Toute la difficultée réside dans la zone de reccordement. On doit pouvoir passer d'une tête à l'autre aisément et sans modifier la flûte d'origine. Autrement dit la nouvelle tête doit s'adapter au corps de la flûte et pas l'inverse.(13) Je choisis de poser une couche de liège (14) à l'intérieur de la bague de maintien. Une feuille de papier est découpée à la dimension exacte du liège. Elle est contre-collée sur la feuille en liège afin de maintenir la fine feuille de liège sans qu'elle puisse se fendre ni se désagréger.(15) Le liège est ensuite collé à la colle néoprène à l'intérieur de la bague de raccordement tête-corps.(16) Faire un essais de pose : si le liège est trop épais poser une feuille de papier de verre sur une barre ronde en bois afin de réduire par son frottement l'épaisseur du liège (17)
Votre travail est terminé. Low-whistle ou timber flute, vous pouvez utiliser librement l'un ou l'autre des deux instruments
Les établissements Paul Beuscher (Bd Beaumarchais à Paris), quoique spécialisés dans les cordes, commercialisaient des "flûtes à bec" avec ou sans clés, comme nous l'indique cet extrait de leur catalogue édité dans les années 1920.
Crédit http://www.luthiers-mirecourt.com/docum ... umentation
Le facteur de cette flûte nous est inconnu (d'après les établissements Beuscher qui m'ont répondu à mes recherches :" Paul Beuscher a développé la distribution de toutes sortes d'instruments marqués à son nom fabriqués par des artisans français ou italiens")
Le biseau ébréché (à gauche) et restauré (à droite)
Le liège refait et le tampon de la clé remplacé
La flûte avant et après restauration
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