Mes rencontres (6)

 

Les 18 au 21 juillet 2010, mon retour à Tocane pour la 20ème édition des "rencontres de musique irlandaise de Tocane Saint Apre" en Dordogne (24)

 

Vue générale du terrain de foot transformé spécialement pour les festivaliers en terrain de camping

 

Samedi 17 juillet


Me revoilà. Cela fait combien de temps que je ne suis venu ici à Tocane ? 3 ou 2 ans ? Peu importe la réalité des chiffres, pour moi cela "fait longtemps".

Sur le terrain de camping, attendant devant le bureau d'accueil mon tour pour notre enregistrement, je considère mon reflet sur la vitre de la porte, celui d'un quinca fatigué sous son vieux chapeau de toile. Et je me fais un serment. Vivre cette édition, la 20ème édition des rencontres musicales irlandaises de Tocane Saint Apre, comme si elle devait être la dernière. La dernière comme on se dit "vivre intensément avant de mourir". Le plus intensément ? Graver chaque seconde, chaque feuille d'arbre, chaque note de musique, au fond de ma mémoire pour déguster mon séjour comme un verre de vieux vin. Un instant magique qui ne se reproduira plus une fois la bouteille vidée. Car qu'ai-je à gagner en venant à Tocane, si ce n'est réveiller de vieux souvenirs et dans le pire des cas, prendre la place d'un jeune, en déséquilibrant le niveau du stage par ma présence de whistler confirmé.

"Vivre intensément comme avant un adieu". Un sourire effleure mon visage. "Encore une de tes stupides idées existentielles. Ne t'est il pas possible de vivre normalement pour une fois, de vivre simplement, ne serait-ce que pour le séjour de ton ami Franck ?"

Franck en session

Franck m'attend sur le parking dans sa voiture. Un super copain doublé d'un grand violoniste, de 18 ans mon cadet, qui a souhaité m'accompagner à Tocane. Nous ferons voyages, popotes, sessions, camping en commun. Pour les stages ce sera, lui, le fiddle, bien sûr, et pour moi, étrangement, pour la première fois de ma vie, mon 10ème stage de musique traditionnelle irlandaise, ce sera le whistle. Le whistle ? Un retour aux sources. N'ai-je pas commencé dans ma chambre d'ado avec cet instrument, une Generation au bec rouge et au corps en laiton doré ?

Un retour comme une boucle qui se ferme. Après toute cette ronde des stages. Trois stages de uilleann-pipes mon instrument de rêve et de douleur, une courte incursion de remplacement avec la flute de concert, ces deux instruments un jour abandonnés pour des raisons médicales et bien sûr le concertina, l' instrument thérapie destiné à me guérir de mon amour des vents. Le concertina que je n'ai même pas emporté avec moi.

Je constate aujourd'hui que cette médecine a fonctionné. J'ai pu vivre l'échec du pipes sans abandonner la MTI. Aujourd'hui mon concertina, sa mission accomplie, trouve un juste repos, bordé à Nantes dans sa boite noire. Me voici désormais près à vivre mon amour de la musique irlandaise sans complexe. D'abord, avec le tin-whistle (pardon mes wooden-whistles en bois) puis qui sait peut-être demain, honte des hontes, un uilleann-pipes électronique pour sous-cornemuseux fatigué !

Le tin-whistle. Combien de fats et de sots, classent cette flûte « un instrument mineur » ? Au pire une flûte de débutant au mieux un tremplin vers un instrument « plus noble » tel le concert flute ou le uilleann-pipes. Est-ce mon amour des humbles et mon sens du défi qui me font retenir aujourd'hui un stage de tin-whistle ? Une édition de Tocane sans mon concertina remplacé par le whistle ? Sur cette "trahison" je m'attends aux nombreuses interrogations de mes amis !

Mon tour arrive. Je relève la tête, présente ma convocation au gérant du terrain de camping, une lettre qui m'attribue l'emplacement n°10 entre les sanitaires et les bungalows, un emplacement que je vais découvrir puisque "mon coin" habituel occupé par un célèbre campeur (Michel Ferry m'a-t-on dit !)

 

n°10 camping du Pré Sec !

 

Magie de Tocane. Impossible de faire deux pas sans rencontrer une vieille connaissance qui vous interpèle en souriant. Sourires et connivence. Voici d'abord, le premier, Denis Kersual, flûtiste-piper originaire de Nantes et aujourd'hui installé à Toulouse. Puis bien d'autres, plus modestes dans notre petit monde, Éric un Brestois et Vincent de Lille, tous deux anciens stagiaires concertinistes. La liste s'étoffe. "Que deviens-tu ? Tu participes au stage de concertina bien sûr..." Et mon plaisir de présenter Franck en renouant tous ces liens.

Nos sanitaires : l'ancien accueil du camping

Les lieux ont peu changé. Je note une barrière électrique à l'entrée, un nouvel emplacement pour l'accueil, des sanitaires restaurés. Mais toujours ce murmure de la Drone, les accents anglophones des campeurs irlandais, ces petites groupes de musiciens avec leurs boîtes à trésor et les notes de musiques égrenées à chaque détour du chemin.

A vous de choisir : les rives de la Drone propices à la rêverie (à gauche) ou la musique vivante et les échanges sur le terrain de foot avec les festivaliers ? Ici Franck essayant un instrument... portugais ! (à droite)

 

A 18h30, devant l'église, la municipalité nous offre un apéritif de bienvenue.

ND de Perdux, l'église de Tocane, vue depuis le café de la Place

Encore une occasion de retrouver d'anciens camarades, venus des 4 coins de la France ou... de l' Étranger. Je renoue ainsi avec Johan, mon ami Bruxellois, découvert en classe de concertina il y a plusieurs années de cela et inscrit aujourd'hui comme moi - mais comment ne pas y succomber ? - en classe de whistles.

Deux vieux amis : Johan et Didier

Après les retrouvailles, les musiciens passent à table. Repas sur les terrasses des gargotes pour y déguster les salades Périgourdines en sirotant le Bergerac rouge.

Les bons repas de produits locaux !


Après le repas c'est l'heure des sessions qui sonne. Les groupes se forment sur place et la magie des « tunes » partagés de recommencer, cette fois, dans la nuit douce du village.


Dimanche 18 juillet


A l'ombre des chênes

Assis à l'ombre des chênes de la cour du collège municipal, Johan et moi, le ventre gavé de notre repas du midi, rêvassons aux accords d'une harpiste. Plus loin, sous un préau, allongé sur une table, le prof d'accordéon fait une sieste, vaincu par la chaleur et la digestion !

Détente dans la cour du collège

Cette matinée fut gratifiante. J'ai retrouvé "mon" collège... après avoir tant pesté sur sa disparition, rendue nécessaire me dit-on pour des travaux, ce qui, pour moi, avait cassé la magie Tocanaise. Exit tout cela. Le collège, là haut sur sa colline, nous est restitué. Le collège avec sa cour, son réfectoire, ses classes, ses rites. Le café partagé en arrivant à 10h00 le matin. Le « kir apéro » avant le repas. La file d'attente devant le réfectoire où profs et élèves partageront le même repas. Nos conversations sur l'Irlande, sa musique et ses musiciens.

A gauche : le café partagé du matin avec deux des organisateurs du stage. Debout sous son éternel chapeau Patrick, plus particulièrement chargé de la sonorisation, et Claude, le président, si reconnaissable avec sa longue barbe. A droite : le repas du midi dans le réfectoire du collège.

Et notre prof de whistle, Des Cafferkey ! Moi qui m' attendais à retrouver un jeune barbu le découvre sans poils ! Je viens de faire son portrait à l'aquarelle en le présentant avec une barbe. J'aurai l'air malin, le jour de mon départ, à le lui offrir pour remerciement ! Peu importe. Le bonhomme est toujours aussi sympathique... et délicieusement comique à écrire sur une feuille de papier nos expressions françaises qu'il souhaite employer afin de mieux transmettre ses instructions.

Des enchaine les tunes après les avoir transcrit en abc sur le tableau noir. Les tunes que je pensai connaitre se présentent sous un nouveau jour. Cette version de Skylark par exemple, je vais bien la travailler et la prendre à mon compte. J'apprends, sans l'avoir espéré, quelques nouveaux trucs. Ainsi comment bien faire un "short roll". Des répond à toutes nos questions. Par exemple, sur le "style caffertien", tout de notes vibrées sous des doigts en tension, qu'il nous présente et commente. Tout ceci me parait simple et naturel. Qu'espérer de mieux ?

Quant à mes condisciples, leur groupe est fidèle à la topologie du festival, des gars et des filles, de tous âges, au niveau plutôt correct. Un détail amusant : chaque élève vient avec son modèle de flûte, aucun n'étant semblable à celui du voisin.

Les élèves de la classe. Noter la présence de Patrick organisateur ET élève de Des.

Le cours s'achève à 16h15. Demain on nous annonce du neuf : des sessions avec les profs à nos côtés. Vivement demain ! En attendant nous retrouvons nos amis. Qui violoniste, qui piper, qui accordéoniste et, dernière compagne mais peu appréciée, la dure chaleur du Périgord.

Chapeau sur un crane à protéger, lunettes de soleil sur un nez glissant de sueur, je rentre, excusez-moi "nous rentrons" vers le terrain de camping, nos sacs sur le dos. L'ombre fraiche des arbres, le rire de la rivière, nous y attendent.

Près du moulin au bord de la Drone

Le programme ? Au choix, en attendant l'heure de l'apéro du soir, une petite nage dans la Drone, une courte sieste sous un arbre ou une répétition studieuse assis sur un banc près du moulin. Nous nous égaillons après nous être fixé un rendez-vous.

Au bord du moulin, Adrien répète studieusement (à gauche) tandis que Franck se demande s'il rejoindra les nageurs ! (à droite)

Baignade sur le terrain de camping

 

Je l'affirme : cette journée du 18 juillet fut magique. La version 2010 des rencontres de Tocane commence bien pour moi qui suit attentif à la reproduction des bonnes choses du passé ! Tous les rituels tocantes sont en place :

19h00. Après la douche tonique retrouvaille des copains pour l'apéro pré-repas. Cette fois c'est Valérie et Diane, nos amies danseuses, qui nous invitent au partage d'une bouteille de Coteau du Layon, à déguster sur leur emplacement du camping municipal.

Le temps de l'apéro

20h00. Le bon repas de gastronomie Périgourdine sur la terrasse du "café de la place"

Le temps du diner

21h00. La session du soir sur le lieu du repas. Car pourquoi aller voir ailleurs si la soupe est meilleure ? Autant lancer sa propre session sur place...

De nos différentes soirées, s'il ne fallait retenir qu'une seule pour évoquer les autres, ce serait peut-être celle-là. Elle me laisse un souvenir de dynamisme et de bonheur de jeu.

Franck sort le premier son instrument et nous invite à l'imiter. Nous répondons à son offre : Cécile, une jeune violoniste de 17 ans, Johan et moi.

Cécile au violon

Les premières notes jouées, nous rejoignent peu à peu de vieux routards de la MTI. A commencer, au banjo, par Jean-Pascal Assailly, journaliste au Trad Mag. Ce dernier, avec sa "pêche d'enfer", va mettre le feu à notre session.

Jean-Pascal au banjo

A ses côtés voici Antoine Leclercq également au banjo (je ne le connaissais qu'à la guitare). Il jouera, très "pince sans rire", en contraste avec l' exubérance de son voisin. En face de moi deux piliers des Rencontres Irlandaises, les bordelais Charly. Dominique à l'accordéon et sa femme au violon. Du plus loin que je me souvienne je les ai toujours connu à Tocane.

Mr et Mme Charly !

D'autres s'installent, de nouveaux visages comme des plus connus. Les vieux standards de la MTI s'élèvent avec calme et puissance. Notre longue table se complète peu à peu et me voici entouré, curieusement, d'une majorité de cordes : violons et banjos. La longue table, bien vite, ne suffit plus et la session s'étoffe d'une deuxième rangée de musicos assoiffés de musique. De part et autre des tablées, sous le chapiteau du "café de la place", nous terminons à 4 ou 6 rangées. Impossible de nous dénombrer. Peut-être 40 sessionneurs, de tous âges, sexes, culture, origine sociale et géographique, débutants et confirmés. Les plus anciens accueillent les plus jeunes, offrant à tous de prendre le relai en exposant son choix de tunes.

Banjos, violons, mandolines, uilleann-pipes, concertinas, flûtes... que demande de plus le peuple ?


Lundi 19 juillet


Une chouette idée - une de plus - des organisateurs. Mettre ensemble les élèves et les professeurs, chaque après midi, par petit groupes, afin de reproduire l'équivalent d'une session. L' intérêt ? Jouer une musique vivante en profitant de l'enseignement de nos stars.

J'ai choisis, pour cette première, un petit groupe mené par le prof de violon Gerry O'Connor, le prof de uilleann-pipes au nom imprononçable (!) Eoin O'Riaghaig et le prof d'accordéon Breanndan O'Beaglooich (Brendan Begley). Quel plaisir de jouer à leur côté de bons vieux tunes. Comme le dit un stagiaire banjoïste d'Epinal à Pierre, mon ami piper de Lille, "il ne manque que les pintes de bières pour nous sentir comme dans un pub !"

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Gerry O'Connor (2 photos de gauche), les deux autres professeurs (photo de droite)

A propos de sessions, elles se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Ce soir, les profs dinent au "Café de la Place", notre lieu de rendez-vous habituel. Chouette, pensons-nous, nous allons pouvoir sessionner à leur côté car, une fois encore, nous y avons réservé une table : Pierre (piper) et Adrien (violoniste), tous deux de Lille, Franck, Johan et moi. Ce serait super que notre soirée puisse s'achever sur une session commune. Vain espoir. Les heures passent et nos chers profs irlandais restent à parler et boire tranquillement avec leurs amis. Les instruments dorment dans leur boite. Qui saura les éveiller ?

Frustrés, sous l'initiative de Franck, nous nous installons et empoignons nos propres instruments. Le défis est grand. Briser le silence sous les oreilles (nous l'imaginons ainsi) de nos maîtres. Pas évident non ? Un renfort apprécié, celui de Luce, une hollandaise uilleann-pipeuse, fidèle de Tocane, accroit notre petit effectif. Luce (qui ne parle pas français) souhaite tester mes flûtes en suivant l'invitation de Johan qui possède un de mes instruments. Notre Johan, multilingue, en profite pour l'inciter à rester avec nous.

Luce et Johan

Les tunes finissent par s'élever. Les suites se mettent en place et conformément aux prévisions de Franck, d'autres musiciens peu à peu nous rejoignent. Même : une tablée de festivaliers Irlandais sur une table voisine, nous applaudissent. Les musiciens ainsi encouragés affermissent leur jeu et la session peu à peu prend forme avec l'arrivée de nouveaux musiciens et les nouvelles suites de danses échangées. Pierre se lance en me dédiant un tune "Healvic Head" (voir la justification ici) en recherchant le terme "Helvic Head"

Pierre

Mais les profs dans tout cela ? Rien. Imperturbables ils poursuivent leur fin de repas sans autrement musiquer. Tant pis nous nous rattraperons de leur défection demain après-midi pendant la session du collège !


Mardi 20 juillet


Encore une belle journée avec son lot de sessions. Je n'ai jamais autant sessionné à Tocane que cette année !

D'abord pendant celles du stage l'après-midi au collège. Aujourd'hui j'ai choisi de la partager avec le prof d'accordéon et le prof de banjo, alléché par le thème "spécial Kerry" avec polkas et slides au programme. Super agréable de sortir des sentiers mille fois empruntés pour jouer des polkas jamais entendues, telle cette petite merveille récemment composée par Brendan en attendant son ferry, au titre évocateur : the "P & O Polka". (A la première écoute j'avais compris « piano polka » jusqu'à ce que Johan me mette sur la bonne voie !)

A gauche les profs, à droite les élèves

Ensuite ce soir, après le repas au "Café de la Place", nous « remettons le couvert » avec nos jeunes nouveaux amis. Cécile lycéenne de 17 ans et Adrien 20 ans, violoniste de formation classique, qui découvre avec passion la MTI. Ces deux là, bien partis comme je les vois, je parie que nous les retrouverons les années prochaines au top niveau des fiddlers !

Adrien

Avant de commencer ils demandent à tester mes flûtes. J'immortalise ce moment, rencontre toujours émouvante entre un musicien et un nouvel instrument de musique, par quelques photographies.

On teste mes wooden-whistles en session

La session commence avec calme. La fatigue, la chaleur et la digestion mélangée forment un cocktail assoupissant qui explique les choses. Comme pour nous rendre hommage des danseurs Irlandais lèvent la jambe en suivant notre musique.

Après les fortes chaleurs de la journée devinez qui s'invitent à la fête ? L'orage et la pluie. Une vieille tradition tocanaise, puisque comme chaque année, le festival semble vouloir se conclure par des intempéries. Quel plaisir pour nous autres campeurs ! Les premiers éclairs nous alarment. Un instrument de musique en bois n'aimant pas cohabiter avec la pluie nous décidons d'interrompre notre soirée pour rejoindre nos tentes. Il est minuit quinze. A minuit trente tombent les premières goutes et à 1h00 du matin l'orage gronde à plein régime après avoir débuté par le coup de cymbale de la foudre vraisemblablement tombée sur notre terrain de camping.

 

Mercredi 21 juillet

 

Il pleut toujours en me levant et ma radio annonce le même châtiment pour le reste de la journée jusqu'à samedi. Quelle déception de terminer de la sorte notre stage.

Enfermé dans ma tente, en attendant le levé de Franck et le début de notre dernier cours, je prépare quelques phrases en anglais, justifiant le cadeau que je vais faire à Des Cafferkey : une aquarelle qui le présente barbu ! Franck se lève et me propose d'abréger notre séjour à Tocane. Il se refuse à recommencer une nouvelle nuit sous le fracas de la pluie. Il me propose ainsi de partir après notre dernier cours, soit au plus tard vers 16h00. Ayant fait mon plein de musique j'accepte sans réticence particulière.

Ce matin, dans le réfectoire de Tocane, je sors mes flûtes et les présente aux élèves. Leurs réactions me met aux anges. Beaucoup de questions, d'intérêt. Je laisse mon adresse. J'enregistre quelques remarques qui me font chaud au coeur telle : "je n'aimais jusqu'à présent que les flûtes en métal mais aujourd'hui ces flûtes en bois me font réfléchir".

On essaye mes wooden-whistle dans le collège municipal

Des s'approche. J'en profite pour m'excuser de ma prochaine défection au concert de fin de stage. Je partirai avant le concert mais garderai un souvenir impérissable de ses cours. Pour le remercier je lui offre mon aquarelle et lui, ce grand garçon au coeur d' artichaut, me serre dans ses bras. Du coin de l'œil je note que Franck immortalise d'une photo cet évènement.

 

Des s'empare à son tour d'une de mes flûtes que je finis par lui offrir. Il s'agit d'une flûte en bois des Osages. Je commente son choix « A golden whistle for a teacher in gold » Là j'en fais un peu trop. L'émotion devenant prégnante je m'écarte du réfectoire pour prendre le chemin de la salle du cours. Je suis rattrapé par la copine de Des qui me dit "mais c'est une super flûte, Des est hyper content !"

Des son aquerelle et sa nouvelle flûte dans sa main. (A noter son coupe-vent bien nécessaire par ces temps de pluie.)

Que dire après tout cela ?

Pour moi, même si le stage s'achève, je garde dès maintenant le meilleur. L'édition 2010 sera la meilleure de la série de mes séjours à Tocane. Et les quelques heures qui suivent passent comme dans un rêve. Le dernier cour avec Des jouant de ma flûte. Les adieux aux amis, anciens et nouveaux, qui promettent de revenir l'année prochaine.

Des avec sa flûte, un wooden-whistle en bois des Osages fait par Didier Jaffrédo, une flûte qu'il utilisera pendant son dernier cours.

Je fais un dernier saut sur le terrain de camping afin de payer notre location et rapporter à Des un flacon d'huile d'amande douce pour sa timber flute, histoire de le dépanner, désolé du temps sec qui nuit au jeu de son instrument. Et, bien sûr, après ce dernier geste d'amitié (j'en étais sûr), que dire de ses embrassades d'adieu : "tu ne restes vraiment pas au stage Didier ? Tu pars bien avant le concert ? Je promets de t'écrire à mon retour en Irlande..."

Une belle réussite que cette édition de Tocane. J'ai bien fait de venir. Souvenez-vous, en arrivant j'avais souhaité "Vivre intensément comme avant un adieu". J'ai vécu intensément, je quitte la scène mais pas pour un adieu car me voici désormais bien décidé à revenir !