La réalisation

d'un wooden whistle

(outils, étapes, expérimentations, secrets...)

tout en vrac !

Mes flûtes nécessitent de nombreuses d'heures d'ouvraison :

  • préparation de la pièce (dégauchissage, mise au carré...) entre 1h00 et 2h00
  • mise au rond, perce avant trou, perce âme 1h00 pour la tête, 1h00 pour le corps
  • pose de la coulisse, alèsage, tournage extérieur bois 1h00 pour la tête, 1h00 pour le corps
  • creusement canal et biseau de la tête 2h00
  • perce trous de note et accordage de l'instrument (tuning) 2h00 à 3h00
  • pose bouchon et sculpture du bec 1h00 (2h00 pour un bouchon en bois)
  • et environ deux heures d'accordage sur le bouchon et la tête (voicing).
  • L'ensemble de ce travail est mené pendant un à deux mois pour tenir compte de la mise en repos du bois entre chaque étape (bains d'huile et reprises d'accordage...) mais surtout de la longue période du rodage
  • ces délais ne tiennent pas compte de la sculpture optionnelle d'une tête.
  • lorsque la réalisation d'une flûte a été précédée par plusieurs autres "jetées à la poubelle" (voir plus bas) le temps passé sur ces flûtes abandonnées doit naturellement être rajouté aux délais d'ouvraison de l'instrument final

Tenant compte de tous ces éléments comment s'étonner ensuite du prix de nos petits whistles en bois ? Autre élément "temporel" à prendre en compte : le stockage du bois.

Ci-dessus un lot d'ébène du Mozambique en attente d'ouvraison. Chaque extrémité d'un carrelet est scellé à la paraffine pour limiter le risque de fente pendant le séchage du bois compris, au minimum, entre 3 et 5 ans.

 

Le bois : brut ou débité en carrelet . Buis (jaune pale), ébène du Mozambique (noir), ivoire rose (rose pale)

Tournage

Trempage dans l'huile de lin


Percage du trou de guidage

Perce de l'âme

Taille du canal


Taille du bec

Rectification des trous de notes

Vincent Bernolin facteur de flûte à bec et lauréat de la Facture Instrumentale en 2006 (voir http://www.bernolin.fr/facture.htm) remarque : "si on me posait la question : "Quel est l'outil que vous préférez et que vous utilisez le plus souvent ?" Je répondrais : "La poubelle !"...

Ci-dessous une image pour illustrer de tels propos. Les noeuds, rencontrés pendant le tournage, sont cerclés de blanc.

 

Pour maîtenir ma soif de progression j'étudie, recopie ou expérimente constamment. Ci-dessous quelques illustrations pour lever le mystère d'une bonne flûte !

Copie d'un whistle Bleazey
Le modèle original en bois de mopane cintré car sans doute insuffisamment sec et peut-être aussi débité sans respect du fil du bois . Même un excellent facteur de flûte ne peut s'abstraire de ces contraintes physiques.

Une autopsie, menée sans état d'âme, pour comprendre tous les secrets du maître ! Ci-dessus la tête avec le biseau du labium non chanfreiné, ci-dessous le corps avec ses trous de notes soucoupés.
Tête en cours d'ouvraison. A titre d'essais insert d'un bois dur en sortie du canal. Le bouchon prévu pour ce modèle (chez moi habituellement en cèdre ou en Delrin) sera en PVC.
Modification du diamètre de la perce dans le haut de la flûte. La partie retravaillée se localise dans le "tronçon" intermédiaire (ici en palissandre). A noter que les trous de notes ne sont pas encore percés.
Mes recherches m'ont conduit à réaliser plusieurs modèles. Ici deux whistles de session, instruments à la voix puissante. A réserver aux musiciens confirmés car plus difficile à maîtriser dans les notes les plus hautes.
Deux whistles de concert. Leur voix délicate et leur facilité d'expression dans l'octave supérieur sont plus adapté au soliste qui s'exprime en concert.
Le modèle de concert est un peu plus long que le modèle de session (comparer la position des deux "lumières") alors que la tonalité est toujours la même. Je vous laisse trouver l'explication.
Mes modèles sont accordables par élongation de l'instrument. Deux systèmes testés : soit la coulisse métal contre métal (solution des timber flûtes) soit le tenon dans la mortaise du bois, protégé d'un peu de fil en coton (solution des flûtes à bec).

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Une petite note sur l'influence du bois sur le son de la flûte

La règle est simple. L'influence du bois sur la qualité du son est liée à la structure et à la porosité de la matière. Les bois tendres donnent une surface rugueuse qui produit un son doux, étouffé. Les bois durs et denses offrent une surface bien lisse qui produit un son brillant et clair. En m'appuyant sur cette règle, ma petite expérience et celle des autres facteurs de flûte je vous livre ici un petit tableau, classé du bois le plus tendre au bois le plus dur.

Poirier : Son étouffé
Autres fruitiers européens (olivier, cerisier, prunier) : idem poirier avec trace de brillance
Erable : souvent plus plein, sonore et sombre que les précédents mais son moins pur et raffiné
Les fruitiers gagnent en brillance en vieillissant sauf l'érable qui reste stable.

Les buis : en général son clair, frais, neutre bien adapté pour jouer en solo ou en ensemble instrumental.
Le buis d'Amérique du sud (Maracaibo, Zapatero, Vénézuellien...) est moins prisé que le buis européen, plus rare, qui lui présente le défaut d'avoir de nombreux nœuds et de gauchir en vieillissant.

Bois tropical (bubinga, padouk, zebrano...) : plus de résonance, plus sonore, plus de présence que les précédents.
Bubinga : son plein, légèrement venteux, ni trop clair ni trop sombre
Padouk : son clair, transparent avec une brillance modérée.
Zebrano : bonne résonancece, tonalité stable proche de l'érable

Bois de rose (palissandre, cocobolo, bois de violette, grenadille d'Afrique) : naturellement plus brillant, clair et sonore que les précédents.
Le grenadille, souvent appelé ébène du Mozambique, produit un timbre plus puissant mais moins nerveux et brillant que les autres bois de rose.
L'ébène au sens strict, qui n'est pas à au sens strict un bois de rose, est occasionnellement utilisé en substitution du grenadille.

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Les secrets du facteur de flûtes ?... Je vous en donne ici les clés : tous les éléments ci-dessous sont à prendre en considération. Les réglages de ces paramètres vous permettront d'évoluer vers la "flûte idéale". Le parfait exemple de l'importance de ces micro éléments est illustré ici


 

La réalisation

d'un low-whistle

étape par étape

Du carrelet en bois à l'instrument achevé

Avant de commencer à lire cette page une bonne idée : consulter ce site auquel je souhaite rendre hommage http://users.skynet.be/fluiten/how.html.

Il est assez amusant de comparer nos deux techniques...

Etudes et matériaux assemblés. Pour le bois je choisis mon essence préférée : un vieux buis fauché par la tempête de 1999. Le modèle qui me donnera mes cotes est un Tony Dixon non accordable.

Je retiens comme modèle un instrument que je pense n'avoir jamais été retenu comme inspirateur du low-whistle : une flûte de Richard Haka, datée du milieu du 17e siècle, conservée à l'Université d'Edimbourg (ci-contre à gauche la reproduction de Philippe Bolton). Prenez acte que c'est moi qui ai eu le premier l'idée, en décembre 2008, de choisir un instrument baroque pour réaliser un low-whistle irlandais (invention du 20ème siècle ;-) !

Les dimentions des pièces me forcent à renouveler mon outillage. A gauche une "lunette à galets réglables" ( réalisation maison).
Découpe à la bonne longueur des deux pièces
Perce au fleuret du trou de guidage au travers de la contre-pointe creuse.

Contrôle du décentrage.
Délardage. Le carrelet perd ses angles pour favoriser le tournage et la pénétration de l'huile.
Bain d'huile de lin pour stabiliser le bois avant de tourner le profil extérieur. La pièce, baignée 48 heures, gagne à se reposer 2 à 4 semaines avant d'être reprise au tour à bois.
Tournage des extrémités en cylindres pour favoriser le centrage comme la prise du mandrin (à gauche) et la rotation dans la lunette (à droite).
Perce de l'âme à la mèche hélicoïdale aidée par deux poupées mobiles. La lunette à galets" (bleu pâle) et la "conductrice" (couleur bois) employées sont toutes deux des réalisations maison. A noter la partie centrale du bois toujours "au carré".
Tournage de l'extérieur du corps et du tenon (ici de ce qui deviendra la tête du low-whistle). A noter les stries dans le bois du tenon qui favoriseront l'accroche du fil en coton.

Tournage du bouchon en pin

Le travail sur la tête avec la réalisation des trois éléments fondamentaux : le canal, la fenêtre et le labium.

A noter le bec simplement ébauché avec le bouchon posé mais non encore à sa place définitive. Cette phase intermédiaire aide à fixer la hauteur du canal.

Les fibres du bois du bouchon sont positionnées perpendiculaires au canal pour favoriser l'absorbtion de la condensation.

La prochaine étape sur le bouchon portera sur son réglage : la taille du plancher, la taille du chanfrein, l'enfoncement du bouchon etc...

La perce des trous de notes

Pour "irlandiser" mon instrument pourquoi ne pas l'associer à un bijou celte ? Dans ma main la "fibule de Tara" que je fixerai sur le corps de la flûte. Et il ne me restera qu'à aposer ma "marque" avec la numérotation de l'instrument à l'aide de caractères à frapper.

Pour voir le low-whistle achevé aller ici

Comment réaliser une bague en Delrin ?

Perce de l'intérieur du futur tube avec une mèche plate de 14 mm

La pièce est enfichée dans un mandrin de fabrication maison. Une pièce de bois creuse tournée au diamètre de l'intérieur du tube qui bloque par friction le Delrin "poussé" par la poupée mobile. On peut alors tourner l'extérieur du tube à sa côte définitive : pour moi 17 mm.

La pièce une fois tournée encore en place sur le mandrin. Vous aurez noté que le mandrin creux en bois est solidifié par une pièce en métal elle aussi creuse (ce qui brille au fond de tube). Pourquoi tout ce creux ? Pour que la contrepointe mobile entre dans le tube sans rencontrer l'obstacle du mandri
La cape terminée prète à être posée sur ce qui deviendra le futur bec.